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Elanore

Les pensées d'une jeune fille découvrant à chaque jour un peu plus de cette vie qui nous est offerte

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Cauchemar et réalité

J’en tremble encore. Dans mon lit aux draps défaits, je n’ai nul besoin de fermer les yeux pour revoir les parcelles d’images de mon cauchemar.

Je n’ai jamais aimé regarder les bulletins de nouvelle. On y parle sans cesse de mort, de guerre et de toutes sortes de vérités sur le monde que les gens oublient dès qu’ils changent de poste. On interroge des personnes en larmes venant de perdre un être cher, et invariablement, une question leur est posée : Comment vous sentez-vous face à cette situation ? Ce qui, inévitablement, provoque une crise de larme. Une telle souffrance affichée sans retenue ne peut que me faire monter les larmes aux yeux. Peut importe que je ne les connaisse pas, ces gens. Ce sont des hommes et des femmes qui souffrent injustement. Habituellement, j’évite de regarder les nouvelles pour ne pas être démoralisée. Certains diront que j’évite seulement la réalité. Sans doute ont-ils raison. Toujours est-il que hier soir, j’ai vu le bulletin de 10 heures. Comme vous l’avez deviné, il y avait encore des morts. Une en particulier a su retenir mon attention. Un adolescent tué dans un accident de voiture. Quoi de plus banal? Il y a toujours des accidents de voiture, et encore plus concernant les ados. C’est d’une banalité si évidente que trente secondes suffisent pour annoncer la nouvelle. Et hop! On passe à une autre. On n’a même pas droit aux pleurs des proches. J’ai une brève pensée pour le garçon, mais c’est le visage d’une jeune femme qui apparaît devant mes yeux. Une jeune femme qui ne fera plus la fête comme elle aimait tellement le faire. C’est idiot…elle n’était pas mon amie, à peine une connaissance…mais elle faisait partie de mon quotidien. Je la croisais à tous les jours. Elle était amie avec plusieurs de mes amis. Et un soir, une fraction de seconde, un mauvais coup de volant, une ceinture mal attachée…et c’en est finie de la vie.

La vie est injuste. Elle voulait la vie, elle a eu la mort. D’autres ont la vie, mais préfèrent mourir. Où est-elle, la logique? Ne la cherchez pas, il n’y en a pas.

C’est sur cette sombre pensée que je me suis endormie.

J’ai rêvé que l’on m’annonçait que l’un de mes amis s’était jeté devant une voiture et était mort. Terrifiante idée qui ne vient hélas pas seulement de mon imagination. Mais à peine cette annonce m’est-elle faite que je me retrouve ailleurs. Des images me reviennent, souvenirs enfouis avec tellement de soin que je ne me souvenais plus les avoir déjà eu. Devant mes yeux, une fillette blonde aux yeux illuminés par l’innocence de ses trois ans. Une petite fille avec qui je jouais comme tout autre enfant de huit ou neuf ans peut jouer avec une poupée. Si petite, si délicate! Et comme tous les enfants à cet âge, habitée par le sentiment d’invulnérabilité, celui qui les rends tous si imprudents. Cette adorable gamine, avec qui j’ai joué tant de fois, adorait chanter et rire. Et comme j’aime ça moi aussi, nous chantions et nous riions ensemble.

Ça c’est passé le jour de Pâques. Elle jouait tranquillement dehors; son père n’était pas très loin, juste de l’autre côté de la rue. Elle voulait aller le rejoindre, qu’il la prenne dans ses bras et la fasse tournoyer comme il avait l’habitude de le faire. S’élançant vers lui, elle ne vit pas l’automobile qui descendait la pente. Le conducteur, lui, la vit. Il appuya sur le frein, mais le foutu destin voulu qu’il y ait à cet endroit une plaque de glace. Le pare-choc alla frapper directement la tête de l’adorable enfant, sous les yeux de son père et de ses oncles.

J’imagine la douleur indescriptible que peut ressentir un père en voyant sa fille mourir devant lui. Y assister, impuissant. Se rejouer la scène un million de fois dans sa tête en se reprochant de ne pas avoir été assez rapide. Avoir la certitude d’être la cause de son décès. Puis, lentement, réaliser que sa fille unique est morte, qu’il ne la reverra plus jamais. JAMAIS. A-t-il alors pensé qu’il ne pourrait plus jamais la faire tournoyer dans les airs? Plus jamais jouer avec elle, la faire rire, ou même la gronder?

C’est cette pensée qui m’est venue, lorsque l’on m’a appris la nouvelle. Je me suis dis que la petite fille ne chanterait plus, ni ne rirait. Elle commençait à peine à connaître le monde, et son voyage se terminait déjà. À huit ans, lorsque l’on n’a perdu aucun être cher, on a une idée brumeuse sur la mort. Cependant, déjà à cet âge, et peut-être plus jeune encore, je me réveillais la nuit complètement terrifiée avec l’idée qu’un jour, je serais vieille et je mourrais. Mais mourir à 3 ans, ce n’était pas normal dans ma tête. Voire même impossible.

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Il est étrange comme parfois, des souvenirs vous reviennent comme cela. Celui-ci aurait pu ressurgir lorsque Sarah est morte dans son accident de voiture, il y a deux ans. Alors pourquoi cette nuit? Je suis ridicule de pleurer ainsi une petite fille sans nom, venue troubler mon sommeil l’instant de quelques heures. Il y a des fois où je suis tellement horrifiée par la vraie vie. Nous voulons tellement nous faire croire que tout est beau, que les malheurs n’arrivent qu’aux autres et qu’ils ne sont pas si terribles que cela. Les sujets tabous, nous en parlons tout bas, comme si nous avons peur que les dire haut et fort les rendraient plus réels qu’ils ne le sont déjà. Cependant, il faut bien affronter la vérité un jour ou l’autre, non? La semaine passée, Mélie me racontait la vérité sur son pays, l’Haïti. Au fil de son histoire, je m’imaginais un inquiétant véhicule noir stationné devant une école, semant la terreur chez tous ceux l’apercevant. Ces passants qui se demandent combien d’enfants disparaîtront cette fois-ci. Je voyais des gens qui comptent les secondes jusqu’au retour des leurs, remerciant le ciel que cette fois-ci, ils aient été épargnés. Je voyais des petits garçons tuer des hommes avec des fusils sortis d’on ne sait où. Je voyais des petites filles de 12 ans s’engouffrer dans des pièces sombres  avec les soldats venus soit disant pour rétablir l’ordre.

Ce ne sont que quelques horreurs parmi tant d’autres. Il y a tant de choses qui clochent dans ce monde. Pourtant, le bonheur est si facile à trouver. Pourquoi y a-t-il tous ces malheurs?

Why don’t we end this lie? I can’t pretend this time

On m’a répondu que le malheur servait à apprécier le bonheur. Est-ce que cela veut dire que l’homme a besoin de souffrir pour pouvoir apprécier la vie qu’on lui a offerte? Si cela est vraiment vrai, l’homme est con. Un jour de Pâques, une fillette est morte. C’était un accident. Il y a des milliers d’enfants qui meurent à cause des maladies ou des accidents. Ça, nous ne nous pouvons pas y faire grand-chose. Mais aussi, à chaque jour, combien d’autres enfants se font-elles battre? Tuées? Violées? La vie est déjà assez injuste comme cela! L’homme n’a pas besoin de s’y mettre aussi! Mais il le fait. Encore. Et encore. Et toujours.

Ecrit par Elanore, le Lundi 5 Février 2007, 17:44 dans la rubrique "Actualités".

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